Qui penserait faire rire de la vasectomie, vous savez, cette méthode contraceptive… un peu radicale, même si pas totalement irréversible ? Michaël Delacour a osé. Franchement. Avec légèreté et impertinence. En total accord avec lui-même, il ouvre grand les vannes du plaisir d’être sur scène. « Merci vasectomie », vu en avant-première à La Nouvelle Seine, est un one-man-show enlevé, décomplexé et sincère sur cette volonté, que d’aucuns pourraient qualifier d’étrange, de se mutiler pour ne plus procréer. Le titre sonne comme un oxymore philosophique. Il reflète juste les convictions de l’humoriste qui l’avoue d’emblée  : la vasectomie est un choix, réfléchi et consenti pour son propre bien, mais aussi pour celui de la planète. Chemin faisant en sa si sympathique compagnie, on réalise le poids de l’entourage qui fait peser sur ces hommes leur perplexité sur cette « mutilation » et leur refus de fonder une famille, sans parler de la société qui a tendance à juger ces femmes et hommes qui s’octroient la liberté de ne pas devenir parents. Cette pratique étant plus rare chez les hommes ( 0,3  % contre 3,9  % de femmes y ont eu recours en France en 2013), le jugement fait place à la curiosité. Se qualifiant de gentil misanthrope, voire de bisounours sociopathe, Michaël Delacour témoigne des raisons qui l’ont incité à ne pas devenir père. Car oui, si vous ne l’aviez pas encore compris, ce trentenaire l’a fait ! En pleine conscience et avec un soulagement ! C’est peut-être d’ailleurs pour cela qu’il en plaisante aussi bien.

Affûtant son humour à la pensée décalée

Fil rouge du one-man-show, la vasectomie n’est qu’un prétexte pour évoquer la société et ses travers. Affûtant son humour à la pensée décalée, à contre-courant, Michaël Delacour philosophe sur la préservation de la planète, la vasectomie étant pour lui un geste écoresponsable. Il évoque le féminisme et la place de l’homme, estimant qu’il revient à ces derniers de s’adapter, et pas l’inverse, pour gommer les inégalités. Le véganisme et le jeûne n’échappent pas à ses réflexions qui tailladent les certitudes, mais avec le sourire gourmand de ceux qui aiment choquer. On ne va pas vous le cacher. L’humour est finement graveleux. Un autre oxymore, dont il semble faire sa marque de fabrique. Certains diront qu’il est trash. D’autres, sans filtre. C’est sûrement une liberté pour lui, mais c’est aussi libérateur pour le public qui adore – n’ayons pas peur de le dire – être choqué. Quelle jubilation de s’entendre pousser des cris d’orfraie, comme d’un seul bloc, quand l’humoriste suggère qu’il serait bon d’instaurer l’euthanasie civique pour se débarrasser des « connards », cela aux fins d’abréger nos souffrances. Car qu’est-ce que la mort d’un être qui n’est que poussière et qui retournera à cet état ? Lui-même n’attend que de mourir… tant qu’il nage dans l’onde du bonheur ! Avec sa gueule d’ange qui se pare d’innocence, Michaël Delacour le pense, et le dit avec un naturel aussi charmant que désarmant.

L’artiste entremêle habilement gaudriole et analyse de notre société

N’y voyez ni offense ni provocation, Michaël Delacour joue de son capital sympathie et « de sa grande culture », qu’il ne cessera de ramener, avec intelligence et pertinence. Sans se prendre au sérieux ni pédantisme, l’artiste entremêle habilement gaudriole et analyse de notre société. Se référant comme un leitmotiv à l’écrivain Isaac Asimov, connu pour ses livres de science-fiction et de vulgarisation scientifique, il discourt justement sur « le déclencheur à sympathie » – qu’il met en pratique à la perfection –, et cette tendance du cerveau à la compréhension la plus immédiate, qui nous laisse accroire des inepties pour des vérités et voir des complots partout. Ou alors il nous apporte la preuve par quatre de l’étendue et les conséquences de la « preuve sociale », le processus psychologique et social utilisé pour influer sur le comportement et le discours. Bref, pousser l’autre à se conformer au groupe pour ne pas en être écarté. Avec « Merci vasectomie », cet ancien étudiant en médecine reconverti dans cet exigeant métier de faire rire de tout, mais surtout du pire, nous fait partager sa brasse dans l’onde du bonheur. Loin d’en souhaiter la mort, nous en sortons vivifiés… et avec des sujets de conversation à se dilater la rate !

Connaissez-vous la vasectomie ? Si vous avez des questions à vous poser dessus, le comédien, et humoriste, Michaël Delacour en parle vraiment très bien dans son dernier spectacle Merci vasectomie.

Celui-ci passe un peu plus d’une heure en scène à parler de la raison pour laquelle il a subi cette opération et comment elle s’est déroulée. Toutefois, il n’oublie pas non plus d’évoquer notre société actuelle, et bien évidemment de s’étendre sur la relation entre les hommes et les femmes.

Le comédien n’a pas sa langue dans la poche et utilise parfaitement l’humour pour faire passer des messages qui font beaucoup plus réfléchir que la simple blague qui est énoncée. En effet, celui-ci est parfois difficile à cerner. Ses provocations, qui sont de temps en temps malaisantes, soufflent le chaud et le froid. Par exemple, certaines blagues sont particulièrement sexistes. Mais leur nature même interroge le spectateur sur des sujets thématiques d’actualité. Ainsi, en faisant réagir le public, celui-ci est aussi pris à partie vis-à-vis du contenu de la plaisanterie et à la possibilité de s’interroger sur ce qui est acceptable, et ce qui ne l’est pas.

Le comédien prend parfois aussi à partie les spectateurs. Cet échange renforce la sensation d’immersion dans un spectacle qui fait souvent rire. Car aux yeux de Michaël Delacour, même le sérieux s’enveloppe d’une note de légèreté. À l’instar même de la vasectomie dont il fait le fil rouge de son spectacle.

La mise en scène de Jo Pujol se pare d’une belle sobriété permettant de mettre le comédien toujours au cœur de la scène. Que celui-ci soit debout, ou assis, qu’il soit véhément ou s’adresse aux spectateurs comme s’ils se trouvaient directement à côté de lui, dans un petit salon intime, l’énergie du comédien est indéniable et celui-ci fait parfaitement passer ses messages, que l’on peut d’ailleurs interpréter à plusieurs niveaux.

On passe donc un très bon moment avec un spectacle divertissant qui porte en son cœur un sujet de plus sérieux, la vasectomie. Une intervention facile à faire chez les hommes qui permet à ceux ne voulant pas d’enfants, ou n’en souhaitant plus, d’éviter de faire porter le poids de la reproduction sur leur compagne ou femme. D’autant qu’elle est parfaitement efficace.

Michaël Delacour montre avec un vrai brio que l’on peut rire de tout et l’éclairage qu’il apporte à ce que l’on croit être naturel, avec ses remarques et interpellations semblant parfois faussement hors champ, font beaucoup réfléchir sur ce qui paraît, a priori, évident et qui n’est souvent qu’une construction sociétale artificielle.

Merci vasectomie est un spectacle vraiment amusant qui fait passer un très bon moment. De plus, il contient plein d’informations pertinentes concernant cette stérilisation masculine qui est couramment pratiquée dans d’autres pays que le nôtre, ou elle est peu connue, et surtout, il donne l’occasion de s’évader, en s’amusant, durant une bonne heure de notre vie quotidienne.

Instructif et malicieux.


Avec Merci Vasectomie, Michaël Delacour nous propose un vrai spectacle d’humour noir. Il souligne l’absurdité de certains faits sociaux ou de tendances actuelles en cherchant à choquer le public. Mais ce qui est bien avec Michaël Delacour est que son capital sympathie, malgré tous ses efforts pour passer pour un sexiste endurci par exemple, reste intact. Les spectateurs comprennent rapidement qu’il cherche à nous faire réfléchir avant tout.

Il écrit son texte et le pense en terme de construction qui tout d’abord nous laisse perplexe, car on se demande où il veut en venir, puis nous interpelle puisqu’il nous partage du savoir tout en citant des références littéraires et enfin, il nous fait réagir avec la chute de ses sujets qui provoquent des ‘oh non !’ parmi les spectateurs. On ne sait pas si on doit rire ou se sentir offusqués face à ses petites phrases qui ne laissent pas longtemps peser le doute sur l’horreur du propos sous-entendu. Il a donc fait un travail soigné dans son écriture pour rendre ses blagues informatives, leur donner un sens, passer d’un sujet à l’autre tout en faisant revenir certaines formules régulièrement et en trouvant le moyen d’être inconvenant ce qui provoque chez lui une petite lueur amusée.

Son interprétation est à la fois impliquée, puisqu’on sent qu’il est important pour lui de nous transmettre des messages, et légère, car il ne fait jamais aucun doute qu’il ne souhaite pas que ce qu’il dit arrive. Il utilise des éléments malheureusement réels pour déclencher le rire gêné, mais sans qu’on pense qu’il adhère lui-même à ce qu’il dit. La mise en scène de Jo Pujol est dépouillée. Elle laisse le texte s’imposer et ne souligne que quelques instants choisis.

Jusqu’à la dernière minute Michaël Delacour nous amuse en bousculant notre sens moral. On passe un très bon moment en sa compagnie.